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Interview avec notre nouveau membre neonomia

25. janvier 2021en français, Genossenschaft, Portraits, SENS-News
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Société coopérative à but non lucratif, neonomia libère la créativité entrepreneuriale ! Son objectif est de soutenir les entrepreneur·e·s romand·e·s en s’inscrivant dans l’esprit d’une économie plus solidaire. Dynamique et innovante, neonomia favorise les synergies entre ses membres de profils et de secteur d’activité varié·e·s, pour stimuler les opportunités commerciales et résoudre les difficultés de chacun·e. Gouvernée collectivement, elle garantit l’autonomie, l’accès aux prestations sociales et un encadrement administratif à ses coopérateur·trice·s.

Interview avec Yann Bernardinelli, membre fondateur et président du conseil d’administration.

Quel impact social neonomia veut-elle atteindre et où voyez-vous l’organisation à cet égard dans 5 ans ?

neonomia est fondée sur «l’entrepreneuriat salarié», une innovation socioéconomique majeure pour répondre aux enjeux futurs du travail. Ses membres sont des coopérateur·trice·s entrepreneur·e·s salarié·e·s engagé·e·s au sein d’une structure collective qui garantit à la fois l’autonomie entrepreneuriale et la protection sociale dans un cadre inscrit dans le développement durable et l’économie sociale et solidaire.

Son objectif est de créer une nouvelle forme de travail, entre l’entrepreneuriat et le salariat, pour répondre aux licenciements et à la méfiance des employeurs des secteurs privé et public de plus en plus réticents, dans le contexte actuel de transition économique, écologique et numérique, à engager sur le long terme. Son intention est également de répondre aux nouvelles formes de travail telles que le cumul de plusieurs types d’activités rémunérées ou les opportunités offertes par les plateformes d’emploi numériques telles qu’Uber. Il s’agit également d’offrir à des personnes ne se reconnaissant plus dans les cultures traditionnelles de management ou n’y trouvant plus de place de travail, un cadre propice au développement d’un projet professionnel d’une autre nature : autonome et utile au bien commun.

Nous pensons que d’ici cinq ans, neonomia aura augmenté significativement le nombre de ses coopérateur·trice·s entrepreneur·e·s salarié·s. et que d’autre coopératives adopteront son modèle novateur d’entrepreneuriat.

Quel est selon vous le potentiel de l’entrepreneuriat orienté vers l’impact / social ?

Pour neonomia, l’entrepreneuriat, et plus particulièrement le statut d’indépendant, se prête le mieux à la transition du monde du travail actuelle et est celui qui pourrait avoir le plus d’impact social. En effet, avec lui, les personnes écartées du salariat peuvent créer une activité entrepreneuriale en s’appuyant sur leurs expérience et savoir-faire professionnels passés pour éviter le chômage ou en sortir. Les personnes cumulant plusieurs activités peuvent «réconcilier» leurs différents types de mandats, et les travailleur·euse·s issues des plateformes numérique d’emploi, peuvent trouver un statut officiel respectant le code des obligations Suisse.

Malheureusement, le statut d’indépendant ne remplit ni les valeurs de l’économie sociale et solidaire, ni les objectifs 1 et 8 de l’agenda du développement durable, à savoir l’élimination de la précarité et la promotion d’une économie soutenue, partagée et durable, le plein emploi et un travail pour tou·te·s. En effet, le statut d’indépendant suisse précarise les travailleur·euse·s puisqu’il·elle·s n’ont pas droit au chômage. De plus, il·elle·s n’ont le plus souvent pas les moyens financiers de contracter une assurance perte de gain satisfaisante et de cotiser auprès d’un deuxième pilier. Or, cela ne précarise pas seulement l’individu mais aussi potentiellement sa famille et ses proches, en cas de maladie, accident, baisse d’activité, donc perte de revenus. Les indépendant·e·s sont isolé·e·s et doivent gérer seul·e·s l’ensemble des tâches liées au fonctionnement de leur activité, ce qui les empêche de réaliser des économies à travers la mutualisation de services. Il leur est aussi difficile de faire évoluer leurs compétences ou de les compléter pour obtenir des mandats plus conséquents.

Pour faire face à ces limites, neonomia a mis en œuvre un statut novateur : le statut d’entrepreneur·e salarié·e.

Quels sont les défis auxquels neonomia fait face dans le présent et quels sont ceux que vous attendez dans l’avenir ?

La principale mission de neonomia, inscrite au cœur de ses statuts, est de promouvoir l’entrepreneuriat salarié jusqu’à son inscription dans le code suisse des obligations. Un véritable plaidoyer dont la première étape consiste à atteindre une masse critique d’emplois ainsi créés, et donc d’augmenter significativement le nombre de ses coopérateur·trice·s. Le défi principal qui attend neonomia ces prochaines années est de pouvoir faire face à un tel accroissement des membres en développant sa structure en conséquence.

La crise économique mondiale, en raison du COVID-19, sera un autre défi, comme pour toutes entreprises. Mais, l’année 2020 écoulée nous a permis de démontrer tout le potentiel de notre modèle entrepreneurial.  En effet, contrairement à de nombreux·euse·s indépendant·e·s laissé·e·s pour compte, les coopérateur·trice·s de neonomia les plus touché·e·s ont pu bénéficier des RHT dès l’annonce des premières mesures fédérales pour faire face au quasi-confinement. Le statut novateur de neonomia tient donc toutes ses promesses et nous laisse penser que tous les défis pourront être relevés.